J'aurais tant aimé - 5'23. Une forme de poésie en prose, à l'heure de vieillir.
Le début du texte =
J’aurais tant aimé qu’enfant, au pied de la source sous les énormes châtaigniers ancestraux et les hauts noisetiers, un vieillard m’apprenne tout des natures du temps, des parcours du vent et des origines de l’eau.
La fin =
Mais il n’y a pas de regrets, une amertume toutefois, même si j’aurais tant aimé vivre simplement et purement plutôt qu’être confronté aux affres de la société mercantile. La nature est ma religiosité, la vie m’a tant appris à découvrir ses illusions démoniaques et ses réelles merveilles. Je sais maintenant que c’est toujours quand on croit une cause perdue, qu’elle peut surprendre, renaitre et vivre. Je sais qu’il faut passer par le dégoût et l’abandon pour comprendre qu’il n’y a nulle part où aller et accepter les manifestations de l’esprit du monde. Je sais aussi que parler et faire sont les deux mesures d’un individu ; qu’il ne faut jamais dire ce que l’on veut faire car qui parle ne fait guère. La parole et l’acte font de l’Homme un animal à part. Je sais surtout être un mutant voyageant vers une destination inconnue. J’espère qu’au bout de mon chemin, à 77 ans comme Ferré – comme Aleister Crowley, je me déclarerai « perplexe ». Je sais encore que les mystères et les rêves appartiennent au néant créateur d’espaces et d’espèces. Je sais enfin qu’il demeure juste d’être patient et humble à attendre ce que la vie nous donne ou nous retire. Arrive le temps où il ne me reste qu’à vieillir – vieillir, c’est pleurer chaque chose et rire de tout !
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